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La Ronde

Du 11 juin au 20 septembre 2021
Musée Le Secq des Tournelles, Rouen

Textes

La Ronde – Présentation

Le Musée des Beaux-Arts de Rouen, en programmant sa traditionnelle exposition, La Ronde, s’est associé à Yves Chatap qui, dans le cadre d’Africa 2020, avait souhaité rendre un hommage à Mongo Beti dont la vie a été profondément associée à la ville de Rouen.  De vingt-cinq ans son cadet Ndary Lo, par sa révolte contre la discrimination  et toute forme d’oppression, a partagé les idées de Mongo Beti en s’exprimant par le travail du fer. L’accord parfait a été trouvé en exposant des œuvres de Ndary Lo dans le Musée Le Secq des Tournelles qui possède une prestigieuse collection de pièces de ferronnerie. Les œuvres de Ndary Lo qui sont exposées ont été peu, ou jamais, vues et sont accompagnées d’un carnet de croquis dans lequel l’artiste dévoile la genèse de certaines de ses œuvres.

Cet évènement a été réalisé en partenariat avec La Clairière d’Eza Boto et le Fonds Ndary Lo.

 

La Ronde – Yves Chatap Commissaire de la programmation labellisée Saison Africa 2020

Panser les peines du monde

Présenté au Musée du Secq des Tournelles de Rouen à travers le regard d’Yves Chatap
Paru dans le blog de La Clairière d’EZA BOTO été 2021.
Envole-toi Ndary

Une femme aux formes callipyges, un lion faisant face à un chasseur, un carnet de croquis… voici, entre autres œuvres, l’héritage que nous laisse Ndary Lô, sculpteur sénégalais mort en 2017. L’artiste n’a jamais cessé de nous surprendre par la profusion de ses œuvres, dont la sensibilité nous permet de mieux appréhender la forme, même si c’est en vérité le vide qu’il recherche au sein de ses œuvres… Ndary Lô a joué avec les possibilités formelles offertes par le fer, son matériau de prédilection, que selon les récits mythologiques seuls les dieux peuvent maîtriser. Les formes naissent à coups de marteau et de fer à souder. Cette maîtrise parfaite du faire, alliée au symbolisme et à la créativité, nous transporte vers d’autres mondes…

Le rêve est présent partout chez Ndary Lô, qui n’est pas simplement un faiseur d’œuvres. Cet artiste malicieux et bon vivant nous a montré à quel point nous pouvions reconstruire, panser les peines du monde à travers l’art: « Pour moi cinquante ans après l’Indépendance c’est vraiment le temps de l’envol, si on ne décolle pas maintenant je ne sais pas quand on décollera. »

Avec grande maîtrise, le sculpteur élabore un langage esthétique singulier visant à trouver le juste équilibre entre pureté des formes, mouvement dynamique et fragilité. L’œuvre qui naît sous les coups de l’artiste concentre ses engagements et ses combats face à l’injustice, car elle devient le lieu d’une thérapie pour tout un chacun. En se jouant de ce qui devrait être une crise d’identité, le sculpteur invente une identité fictionnelle, métaphore de l’altérité. Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’artiste entend toujours nous confronter à nos certitudes. Chez Ndary Lô, la sculpture est engagement et humanisme; elle lui permet de faire siennes les contestations de Rosa Parks, de Frantz Fanon et bien d’autres ayant inspiré les combats de Mongo Beti.

Selon Ndary Lô l’humain ne peut se départir de ce matériau — le fer, symbole d’une mémoire collective —, qui tout au long de l’histoire, a été au cœur des rapports de domination. Ses œuvres, par la pureté des lignes et la force du geste, obligent à s’interroger sur la dimension allégorique générée par la rencontre entre l’œuvre, les individus et l’espace d’exposition.

Le monumental est inhérent à l’œuvre du Dakarois Ndary Lô. Le sculpteur donne à ses figures cet élan vertical, afin de renouer avec une certaine spiritualité, tout en gardant malgré tout les pieds sur terre. « Monter, c’est ce que veut la vie et en montant, se dépasser » est une sentence de Nietzsche dont on peut retrouver l’influence dans l’ensemble de sa création. Une proposition propre à nous faire prendre conscience de notre capacité à la résilience, en ce qu’elle nous libère des souffrances de la mémoire collective.

L’œuvre de Ndary Lô est forgée par une puissante aura artistique. La majorité des œuvres de cette exposition est issue d’une même période (2011-2017), car cette expérience entamée par l’artiste les dernières années de sa vie constitue une recherche d’émancipation transcendant toute assignation esthétique imposée par une intelligentsia artistique.

 

Presse

Photos & vidéos

Présentation par Yves Chatap (La clairière d’Eza Boto)