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Hommage rendu aux tirailleurs d’Afrique

4 juin 2021
Saint Etienne

Textes

Hommage aux tirailleurs d’Afrique – Présentation

En 2004 Ndary Lo avait participé à Reims à Hosties Noires, une exposition collective qui rendait hommage aux « Héros de l’armée noire » qui avaient, en 1918, vaillamment défendu la ville. Dans le cadre de la préparation de cette exposition Ndary Lo avait fait un rapprochement avec l’implication de son père à la seconde guerre mondiale. C’est dans le prolongement de cette réflexion qu’il a peint toute une série de portraits de son père, à différents âges, mais toujours coiffé de la même chéchia emblématique des tirailleurs.

Pour commémorer ces combattants venus d’outre-mer la Municipalité de Saint Etienne a choisi d’inaugurer un square en lui donnant le nom d’Ahmed Benchickh, un combattant stéphanois mort en 1944 pendant la campagne d’Italie, et de le personnaliser en y exposant le Portrait d’un tirailleur que lui a légué Madame Aissatou Drame, la veuve de Ndary Lo. A cette occasion, un discours très courageux a été prononcé par le Maire de la ville qui a rendu un hommage appuyé à tous ces combattants et s’est félicité que, grâce à ce portrait, tous ces héros aient désormais un visage.

Hommage à Ahmed Benchikh – Discours de Mr Gael Perdriau, Maire de Saint-Etienne » par «Hommage aux tirailleurs d’Afrique – Discours de Mr Gael Perdriau, Maire de Saint-Etienne

Collège Fauriel Saint Etienne, vendredi 4 juin 2021
Discours de Mr Gael Perdriau, Maire de Saint Etienne

Mesdames, Messieurs,
Avant de commencer mon propos, je tiens à saluer Marie-Dominique DUPAU et Lydia YAHIAOUI qui ont été blessées lors du premier déplacement du collège au 1er régiment de Spahis de Valence.
Mes souhaits de prompt rétablissement vont vers elles.
Gustave Flaubert écrivait : « L’avenir nous tourmente et le passé nous retient. Voilà pourquoi le présent nous échappe ».
C’est la raison pour laquelle, il est important, à mes yeux, que la France regarde son histoire en face.Toute son histoire, même la plus douloureuse.
Qu’elle écrive enfin un récit national digne de ses valeurs, digne de notre République.
J’ai été touché par le combat mené par Madame Aissata SECK, son engagement pour la mémoire des tirailleurs sénégalais dont elle m’a fait part lors de l’inauguration du monument « La liberté inachevée », consacré à l’abolition de l’esclavage.
Le récit de ces hommes oubliés qui sont pourtant venus combattre en Europe lors de conflits qui n’étaient ceux de leurs pays.
J’ai alors demandé, conjointement à Cyril LONGIN, directeur des Archives et Julien FARGETTAS, historien, expert depuis plus de 25 ans sur le sujet des tirailleurs sénégalais, directeur départemental de l’ONAC VG, d’effectuer des recherches pour honorer la mémoire des soldats africains à Saint-Étienne et je les remercie pour ce travail.
Madame Véronique PEAUCELLE-DELELIS, Directrice générale de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre nous honore de sa présence aujourd’hui et je l’en remercie.
Rapidement un nom s’est imposé : celui du spahi Ahmed BENCHIKH dont l’hommage public a été voté au Conseil municipal de janvier dernier.
Je ne reviens pas sur la vie de ce jeune homme, mort pour la France, qui sera évoquée par les élèves du Collège dans un instant.
Mais quelle incroyable destinée que celle de ce jeune algérien qui a embrassé, comme son père, ancien engagé volontaire en 14/18, les valeurs de la France, les valeurs de la République au point, sacrifice suprême, d’y laisser la vie.
Je remercie de sa présence Monsieur Mohamed TITOUM, représentant Monsieur Abderaouf BOULARES, Consul d’Algérie par intérim.
Depuis 1947, son nom est gravé pour l’éternité dans le marbre du Monument des résistants de la Manufacture d’armes de Saint-Étienne parmi 41 noms, 19 tombés au combat, 8 fusillés, 14 morts en déportation.
Je remercie de sa présence Monsieur Dominique PESTRE, trésorier du syndicat CGT des retraités de la MAS et membre de l’Institut d’Histoire sociale – CGT de la Loire, « Benoît FRACHON », qui veille avec ses camarades, sur ce monument mais surtout sur la mémoire des résistants de la MAS.
Mais aujourd’hui, je suis fier d’avoir inauguré avec Madame Véronique PEAUCELLE-DELELIS l’espace Ahmed BENCHIKH, pour que les stéphanois, petits et grands, se souviennent de l’engagement des soldats africains, morts pour la France.
Comment oublier, en effet, que lors de la Grande guerre, l’Empire colonial français a fourni 607 000 «indigènes», comme on les appelait alors, aux Alliés dont 450 000 sont venus combattre en Europe ? En particulier lors des terribles batailles de la Marne, de Verdun et de la Somme.
Plus de 70 000 de ces poilus venus d’ailleurs sont morts pour la France dont 36 000 d’Afrique du Nord et 30 000 d’Afrique noire.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, au moins 150 000 tirailleurs participent aux combats et sont les libérateurs de la France.
Lors de la guerre d’Indochine, les soldats maghrébins et africains subsahariens représentent une part importante du corps expéditionnaire.
Oui, il faut se souvenir collectivement car la mémoire de ces hommes, de leur sacrifice, s’est vite effacée.
Parfois même au prix d’un massacre comme celui de Thiaroye, au Sénégal, où plusieurs dizaines de tirailleurs fraîchement rapatriés tombent, en 1944, sous les balles françaises parce qu’ils avaient « osé » contester le montant de leurs indemnités.
Senghor en écrivant le poème intitulé « Thiaroye » met en exergue toute l’amertume de l’ancien tirailleur et l’ingratitude d’une autorité coloniale, puis d’une France qui fera fi, pendant très longtemps, des droits de ces combattants pour notre liberté.
Il faudra attendre 2010 pour voir enfin la décristallisation des pensions et retraites des tirailleurs sénégalais par le Président SARKOZY.

Oui, depuis 1857, ces hommes auront connu la gloire, le sang et les larmes.
Aujourd’hui, il est juste et nécessaire de les faire sortir de la pire des punitions : l’oubli.
En offrant un espace à Ahmed BENCHIKH, Saint-Étienne rend un hommage appuyé à tous ces hommes.
Ils auront aussi, désormais, un visage, celui du père du regretté artiste sénégalais Ndary LO grâce au magnifique portrait offert à la ville de Saint-Étienne par sa veuve, Madame Aissatou DRAME.
Je la remercie chaleureusement ainsi que Monsieur Jacques ROUAYROUX qui a servi d’amical intermédiaire.

Transmettez-lui, cher Monsieur, nos plus chaleureuses pensées.
Oui, un visage qui symbolise, désormais, à Saint-Étienne, tous ces hommes Morts pour la France.
« L’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde » rappelait Paul VALERY.
La mort n’a pas de couleur, n’a pas de religion.
Elle engloutit tous les hommes, c’est bien là notre seule certitude.
Je suis très heureux que la Collège Fauriel, par l’entremise de son principal Monsieur Aissa MEKKI et de Mesdames Julie GARNIER et Nadège RAVEL, professeures d’histoire Géo, ait proposé aux élèves de travailler sur le sujet.
J’ai été bluffé par la bande dessinée réalisée par Olga CHANTEPY, par le travail historique réalisé par les élèves et touché que certains proposent l’histoire des « forces noires » au Brevet.
Je remercie les représentants, présents aujourd’hui, du 1er Régiment de Spahis qui ont permis aux collégiens de découvrir l’histoire, la vie militaire d’hier et d’aujourd’hui de ce régiment.
Un grand merci à vous.
Notre devoir de mémoire ne peut s’appuyer que sur la transmission et je suis très heureux qu’un drapeau d’anciens combattants soit déposé au Collège, pour participer aux prochaines commémorations.
Chers élèves, j’espère sincèrement que l’évocation du parcours d’Ahmed BENCHIKH aura éveillé chez vous un sentiment de bienveillance envers autrui mais aussi de résistance contre toutes les idées nauséabondes d’un autre temps, qui malheureusement ont la vie dure.
Ces pestilences de notre monde moderne, discriminations, racisme, antisémitisme, islamophobie, homophobie qui pourrissent chaque jour les réseaux sociaux et parfois la parole publique.
Prenons exemple sur l’engagement du Jeune Spahi Ahmed BENCHIKH, travaillons ensemble à un monde meilleur.
Comme lui, prenons le chemin escarpé de l’honneur, celui emprunté par les valeurs de notre République.

Merci

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