Cahier 1 – Feuillet 2 – Hommage à Abdoul Aziz Sy Dabakh, ou Ñaanal Rew-Mi
La première œuvre en fer à béton présentée par Ndary Lo, réalisée en 1998/1999 après son époque Récupération/Fers à cheval, est un groupe de onze personnages, les bras dressés vers le ciel dans une attitude de prière. En arrière-plan est rajouté un douzième élément symbolisant une prière.
Au début de sa création Ndary Lo donnait à ses œuvres des titres signifiants, il appelle celle-ci, Hommage à Abdoul Aziz Sy Dabakh, maître spirituel de la confrérie Tidjane au Sénégal en tant que son troisième khalife. Elle obtient en 1999 le Grand Prix du Président de la République pour les Arts. Par cet hommage Ndary Lo marque son appartenance à la confrérie Tidjane et lui dédie cette Prière pour le Pays.
Le groupe est composé de onze personnages, comme les onze récitations de la prière de la Perle de la perfection, qui ont les mains dressées dans un geste d’imploration ou de supplication qui pourrait également être un geste de révolte. Au centre du groupe est disposé un « arbre », de facture très sommaire, un simple faisceau de tiges de fers à béton à l’extrémité desquelles sont fixées des mains, elles aussi dressées vers le ciel.
Il est difficile de ne pas voir dans cette construction[1] l’allusion que fait Ndary Lo aux onze récitations de la Prière des onze grains, sans omettre la référence à la querelle fratricide des onze/douze grains
Lorsque Ndary Lo a exposé cette même installation en 2006 pour Les Attaches Célestes, il a rajouté, le temps de l’exposition, un second arbre dans l’arrière-plan. On a pu se demander si cet ajout résultait d’une recherche de symétrie ? Ou bien si Ndary Lo n’avait pas cherché à brouiller les pistes en voulant masquer l’allusion directe aux onze/douze grains ?
La base de l’arbre qui faisait partie de l’installation de 1998 était très sommaire, un simple trépied formé de tubes de métal soudés entre eux. Comme le montre une photo de l’installation prête à être exposée, Ndary Lo avait prévu d’utiliser cet arbre pour l’exposition en cours de préparation, c’est celui que l’on voit sur la gauche de la photo. Par contre, au moment de l’inauguration, il a rajouté un second arbre dont le tronc et la base sont beaucoup plus élaborés et préfigurent déjà la façon dont il va structurer les arbres de la série de la Muraille Verte à laquelle il est entrain de penser et qu’il présentera deux ans plus tard. Aurait-il trouvé qu’en 2006 sa technique du fer lui permettait d’améliorer le modelage de cet arbre ? Aurait-il rajouté, le temps de l’exposition, ce « douzième grain », plus conforme à ses critères de l’époque, tout en conservant l’arbre de la version initiale car c’est elle qui avait obtenu le Grand Prix ?
A l’issue de l’exposition l’installation sera achetée par Bassam Chaïtou avec un arbre différent de l’arbre originel, comme on peut le voir encore aujourd’hui.
[1] On pourrait, à ce stade, invoquer le hasard mais la suite des événements rendra cette position difficile à tenir.